Je suis d'accord avec vos observations, mais j'aimerais ajouter quelque chose sur l'exemple de l'URSS et de la semaine continue : il n'y a pas besoin d'aller jusqu'à une réorganisation aussi extrême de la société pour avoir des exemples de désynchronisation.
Quand je travaillais comme cuisinier, à part dans une boîte qui ouvrait juste le midi en semaine, je n'avais jamais samedi-dimanche comme jours de repos. Au mieux j'ai eu dimanche-lundi, mais sinon c'était plutôt lundi-mardi, mardi-mercredi... On y ajoute des horaires en coupure, c'est-à-dire en gros du 9:00-23:00 avec plusieurs heures de pause l'après-midi, souvent pas assez pour que ça vaille le coup de rentrer chez soi (à moins d'habiter vraiment juste à côté, mais se loger sur Paris avec un salaire de cuisinier ça restait quand même compliqué). Certains restaurants proposaient des horaires mixtes cependant : la moitié de la semaine en coupure et l'autre en continu (mais de toute façon, même quand j'avais ma soirée de libre, je m'écroulais dans mon lit en arrivant chez moi).
J'ai juste fait des passages éclair dans des restaurants qui étaient uniquement fermés le dimanche, et où les employés avaient par exemple mardi + dimanche comme jours de repos pour l'une, jeudi + dimanche pour l'autre etc. avec ce que ça rajoute d'inégalités entre ceux qui ont samedi-dimanche voire dimanche-lundi, et les autres. J'ai le souvenir d'un resto où le seul samedi-dimanche dispo est directement allé à la mère célibataire avec des enfants en bas âge, pour que ça reste minimum gérable pour elle, mais sinon c'était plutôt un.e employé.e avec de l'ancienneté qui s'y cramponnait.
Et là déjà, on est désynchronisé des amis et de la famille qui ont des horaires conventionnels, vu qu'on n'est dispo ni le week-end ni en soirée. Certes, on peut faire des démarches administratives ou des courses l'après-midi en semaine en n'ayant aucune attente à la caisse, mais ça reste un peu maigre comme avantage. Ou alors il faut vivre avec quelqu'un qui a des horaires décalés aussi : j'ai le souvenir d'un collègue que ça n'intéressait pas d'avoir son 24 décembre au soir de libre, car sa femme qui était infirmière travaillait de toute façon ce soir là.
Ah et j'oubliais l'effet pervers des jours de repos qui ne sont pas les mêmes d'un emploi à l'autre (sachant qu'en cuisine, "un an et demi / deux ans" c'est déjà une "collaboration à long terme") : les proches qui te finissent par te dire : "ah mais je ne me souviens jamais de tes jours de repos, du coup je suis parti.e du principe que tu n'étais pas dispo et je ne t'ai pas invité :/" 🥲🔫
Je suppose que c'est valable aussi dans les autres boîtes qui proposent un service 7j/7
Merci pour votre article très intéressant ! Cela me fait penser à 2 choses que je partage ici comme pistes de réflexion supplémentaires:
- je travaille pour un grand groupe suédois et chez eux, tout est à l’arrêt au niveau national pendant 2 mois l’été, encore plus qu’en France. Ils profitent du beau temps et du soleil
- le décalage de congés dans les métiers de la restauration dont le jour de congé partagé est pour eux souvent les lundis
Je suis d'accord avec vos observations, mais j'aimerais ajouter quelque chose sur l'exemple de l'URSS et de la semaine continue : il n'y a pas besoin d'aller jusqu'à une réorganisation aussi extrême de la société pour avoir des exemples de désynchronisation.
Quand je travaillais comme cuisinier, à part dans une boîte qui ouvrait juste le midi en semaine, je n'avais jamais samedi-dimanche comme jours de repos. Au mieux j'ai eu dimanche-lundi, mais sinon c'était plutôt lundi-mardi, mardi-mercredi... On y ajoute des horaires en coupure, c'est-à-dire en gros du 9:00-23:00 avec plusieurs heures de pause l'après-midi, souvent pas assez pour que ça vaille le coup de rentrer chez soi (à moins d'habiter vraiment juste à côté, mais se loger sur Paris avec un salaire de cuisinier ça restait quand même compliqué). Certains restaurants proposaient des horaires mixtes cependant : la moitié de la semaine en coupure et l'autre en continu (mais de toute façon, même quand j'avais ma soirée de libre, je m'écroulais dans mon lit en arrivant chez moi).
J'ai juste fait des passages éclair dans des restaurants qui étaient uniquement fermés le dimanche, et où les employés avaient par exemple mardi + dimanche comme jours de repos pour l'une, jeudi + dimanche pour l'autre etc. avec ce que ça rajoute d'inégalités entre ceux qui ont samedi-dimanche voire dimanche-lundi, et les autres. J'ai le souvenir d'un resto où le seul samedi-dimanche dispo est directement allé à la mère célibataire avec des enfants en bas âge, pour que ça reste minimum gérable pour elle, mais sinon c'était plutôt un.e employé.e avec de l'ancienneté qui s'y cramponnait.
Et là déjà, on est désynchronisé des amis et de la famille qui ont des horaires conventionnels, vu qu'on n'est dispo ni le week-end ni en soirée. Certes, on peut faire des démarches administratives ou des courses l'après-midi en semaine en n'ayant aucune attente à la caisse, mais ça reste un peu maigre comme avantage. Ou alors il faut vivre avec quelqu'un qui a des horaires décalés aussi : j'ai le souvenir d'un collègue que ça n'intéressait pas d'avoir son 24 décembre au soir de libre, car sa femme qui était infirmière travaillait de toute façon ce soir là.
Ah et j'oubliais l'effet pervers des jours de repos qui ne sont pas les mêmes d'un emploi à l'autre (sachant qu'en cuisine, "un an et demi / deux ans" c'est déjà une "collaboration à long terme") : les proches qui te finissent par te dire : "ah mais je ne me souviens jamais de tes jours de repos, du coup je suis parti.e du principe que tu n'étais pas dispo et je ne t'ai pas invité :/" 🥲🔫
Je suppose que c'est valable aussi dans les autres boîtes qui proposent un service 7j/7
En effet, l'exemple de la nepreryvka n'est pas nécessaire tant les exemples de désynchronisation sont nombreux autour de nous.
Merci pour ce témoignage !
Les italiens font également une grande pause au mois d’août.
Merci pour votre article très intéressant ! Cela me fait penser à 2 choses que je partage ici comme pistes de réflexion supplémentaires:
- je travaille pour un grand groupe suédois et chez eux, tout est à l’arrêt au niveau national pendant 2 mois l’été, encore plus qu’en France. Ils profitent du beau temps et du soleil
- le décalage de congés dans les métiers de la restauration dont le jour de congé partagé est pour eux souvent les lundis
Qu’en pensez-vous ?
Absolument, il existe des horaires décalés et des rituels différents selon les secteurs.